Ce matin-là sur France Inter (24/11), Jean-Luc, auditeur de l’Ariège face à Ségolène Royal, est inquiet : « Quel va être le coût en CO2 de la Cop21 ? demande-t-il à la ministre de l’Ecologie. Quel va être le bilan carbone du déplacement des chefs d’État en avion privé, les rotations d’hélicoptères, les navettes vers les hôtels, le chauffage du centre qui doit être mal isolé puisque provisoire ? Est-ce que ce n’est pas un peu aberrant ? ».
Une conférence sur le climat qui participe au réchauffement climatique en rejetant des tonnes de gaz à effet de serre, pourrait en effet passer pour une aberration, si ce n’est environnementale, au moins en terme de communication.
Mais la ministre de l’Ecologie du Développement durable et de l’Energie s’est voulue rassurante : « Nous avons veillé à ce que les constructions soient à très hautes normes environnementales, à propos des matériaux et de l’isolement ». Elle promet que l’événement sera « neutre » en émissions de CO2, les émissions de carbone seront compensées par différents programmes de captations de CO2 : plantations d’arbres, constructions d’éoliennes… « Il existe une ligne dans le budget de la Cop21 qui financera des projets visant à équilibrer le bilan carbone de l’événement » explique-t-on du côté de l’organisation de la 21e Conférence des parties (Cop21).
En effet, la Cop21 est certifiée ISO 20121, une « norme internationale visant à aider les organisateurs d’événements à monter une manifestation dans le respect […] du développement durable » souligne son service communication. Repas sans OGM, bio, ou équitable, transport en commun privilégié, eau potable et gourde ou eco-cup disponibles sur tout le site pour éviter bouteilles et gobelets en plastique, qui se comptent en millions durant ce genre d’événements. Tout est fait pour atténuer le plus possible « l’empreinte carbone de l’événement ».
La ministre poursuit : « Bien sûr, les déplacements aériens causent d’importantes émanations de CO2. Nous avons donc décidé de faire le bilan carbone de la conférence-climat et de compenser intégralement les émissions de CO2 (estimées à 21 000 tonnes-ndlr) ».
Mais Ségolène Royal a-t-elle parlé trop vite ? Contactée, la direction de la Cop21 contredit la ministre de l’Ecologie : « le bilan carbone ne comprend pas les déplacements en avions des délégations. Elle inclut par contre la “phase chantier”, le montage et le démontage, ce que le bilan carbone des Cop précédentes ne prenait pas en compte. C’est une avancée ».
Or, les déplacements en avion seront très nombreux du 30 novembre au 11 décembre. Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius annonçait il y a quelques jours la venue, malgré la crise actuelle, de 147 chefs d’État et de leur délégation. Auxquelles s’ajoute une quarantaine d’institutions internationales, de multinationales, d’ONG… pour un total officiel de 189 “parties”. Et pour les transporter sur le site, autant, ou presque, d’avions privés, certains escortés par des chasseurs. Mais pour combien de tonnes de carbone émises ?
Difficile a priori de connaître le chiffre exact, « ni même d’obtenir un ordre de grandeur » explique-t-on à l’association APC-Carbone [http://www.apc-carbone.fr], qui regroupe des professionnels du climat et de l’environnement. Et dont le président, Gérald Maradan, a réalisé le bilan carbone de la Cop21. Il confirme qu’: « un certain nombre des informations concernant les délégations présidentielles et nécessaires pour établir un bilan carbone sont confidentielles. Établir un tel bilan nécessiterait plusieurs jours de travail ».
Quelques chiffres permettent, sinon de faire un calcul, au moins d’avoir une vision très large des émissions provenant du transport aérien. Selon le site de l’Aviation civile française [http://eco-calculateur.aviation-civile.gouv.fr], un seul passager effectuant un aller-retour Paris/New York émet une tonne de carbone « soit 5 300 km avec un 4×4 neuf (190 g CO2/km) » ou une année de chauffage domestique pour un foyer. Le site du Bourget, qui accueille la conférence, attend 25 000 délégués officiels, 3 000 journalistes et un grand nombre de participants. Tous ne viennent pas d’aussi loin que New York (12 000 km A/R) mais, il est probable que le bilan carbone des seuls déplacements aériens dépasse les 21 000 tonnes de CO2 estimées de la Cop21, dont seules les émissions seront compensées par des projets de captations de carbone.
Certes la France, qui n’aura pas beaucoup de chemin à faire, tout comme la délégation de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), ont promis de compenser leur déplacement par des projets verts. Mais quid de toutes les autres délégations ?
Pierre Assouline
un Aller retour en Avion sur 4500 km aller dans un avion Long courrier de plus de 250 sièges émet 2,3 tCO2e selon le Bilan Carbone(r)
en classe affaires, on est à 4,5 tCO2e par aller retour.
4500 km cela ne nous mène pas très loin : Moyen orient, Afrique du nord et centrale,… il y a encor eune grande partie des pays du globe qui ne sont pas couverts (probablement plus de la moitié). Ce sera donc une sous estimation
A supposer que
5000 délégués voyagent en Train
20 000 en avion
et
2500 journalistes en avion
et
selon ce lien on attend 50 000 visiteurs à Solutions 21 http://www.solutionscop21.org/fr/experience-climat-grand-palais-solutions-cop21/
dont, supposons, que la moitié viennent aussi en avion.
On arrive alors à
– 20 000 délégués dont 30% en classes affaire = 2000 x (2,3 *70%+4,5*30%) = 59 200 tCO2e
– 2500 journalistes x 2,3 tCO2e = 5750 tCO2e
– 25 000 visiteurs x 2,3 tCo2e= 57 250 tCO2e
pour un total approximatif de 120 000 tCO2e, soit 6 fois les émissions d’organisation de la COP21
Comme quoi, quand on compense, on ne souhaite pas regarder les vrais problèmes…. ca coûte cher !