Par Yves Contassot. Le 2 octobre 2007, le Conseil de Paris adoptait à l’unanimité son premier Plan Climat, faisant ainsi figure de pionnière parmi les grandes villes, tant en France qu’en Europe.
Globalement le Plan Climat pour Paris affichait une baisse de 25% de ses émissions, de 25% de sa consommation et d’arriver à 25% d’énergie renouvelable sur l’ensemble du territoire. En ce qui concerne son fonctionnement propre la municipalité retenait un triple objectif à 30%.
L’ambition affichée par ce plan a fait réagir de nombreux acteurs notamment dans le secteur du bâtiment tant les objectifs étaient vertueux, qu’il s’agisse des constructions neuves ou des réhabilitations. De même en matière de déplacements, la réduction des émissions de gaz à effet de serre était traduite dans un plan d’action volontariste.
Las, dès le renouvellement lié aux élections municipales de 2008, le plan était revu à la baisse, les élu(e)s écologistes ne disposant plus du même poids dans le Conseil municipal. Fort heureusement depuis 2014, la nouvelle équipe municipale semble être repartie dans la bonne direction.
Ainsi des avancées ont été obtenues avec une réduction conséquente de la flotte automobile municipale, un début de rénovation thermique du parc social, le développement des actions de l’Agence Parisienne du Climat pour les copropriétés privées, la mise en œuvre d’une réelle économie circulaire, etc.
De même un vaste programme portant sur les écoles a été lancé, tout comme sur l’éclairage public, sur l’alimentation responsable dans certains arrondissements (le 2è et son maire écologiste étant particulièrement en pointe), le plan 1000 immeubles (les plus énergivores), etc.
Le contexte est évidemment favorable car comme en 2007 avec la perspective du Grenelle de l’environnement, la proximité de la COP21 incite à l’exemplarité.
On peut ainsi affirmer que Paris a repris sa marche en avant dans la lutte contre le dérèglement climatique. L’exemple le plus emblématique est sans conteste le marché de fourniture d’électricité qui sera à 100% d’origine renouvelable dès le 1er janvier 2016 grâce aux écologistes.
Pour autant il reste encore beaucoup de chemin à parcourir car si l’action de la municipalité sur son patrimoine est engagée, il n’en va pas tout à fait de même pour l’ensemble du territoire parisien.
En effet, les acteurs du territoire ne sont pas suffisamment mobilisés pour que la réduction des émissions s’inscrive dans la trajectoire souhaitée. La rénovation thermique peine à démarrer faute d’un soutien suffisant, le modèle économique n’étant pas encore stabilisé faute de décisions structurantes de l’Etat.
Quant au secteur tertiaire, aucune politique d’ampleur n’est encore engagée.
Les déplacements ne se réduisent pas suffisamment bien au contraire, le nombre de personnes venant travailler à Paris sans y habiter ayant cru de près de 100 000 en quelques années, compte tenu de la poursuite de la construction massive de bureaux dans la capitale.
De plus certaines décisions soulèvent la question de la cohérence d’ensemble de la politique municipale : l’autorisation (voire la volonté) de construire des tours un peu partout sonne comme une fausse note tant leurs consommations seront en contradiction avec le plan climat.
La destruction d’une partie du Jardin Botanique au milieu du jardin des Serres d’Auteuil pour y construire un court de tennis apparaît comme une atteinte irréparable à la biodiversité par destruction des magnifiques collections végétales.
Enfin la décision d’imperméabiliser les sols en reportant sur les toits les espaces verts de pleine terre, constitue une erreur majeure dans l’aménagement durable de la ville.
Paris a commencé sa mue vers la ville résiliente, intégrant les enjeux du dérèglement climatique, avançant vers des solutions innovantes parfois comme la mutualisation des achats entre grandes villes pour obtenir des produits plus « écolos ».
Mais tout comme l’hirondelle ne fait pas le printemps, quelques réussites ne font pas une ville en transition. Il reste à accélérer les projets, à les généraliser, à les rendre cohérents.
Ville symbole de la liberté, Paris peut et doit devenir symbole de la ville de demain.
Yves Contassot
Conseiller de Paris
Concepteur du Plan Climat de 2007
Président de l’Agence Parisienne du Climat