Tout l’enjeu de la session ministérielle qui débute à la COP21 est de dégarnir le projet d’accord de tout le contenu entre crochets (bracket) qui l’encombre. On peut dire sans trop se mouiller qu’ils vont y arriver et que le résultat, probablement tiède mais bien emballé, sera présenté comme une victoire. L’on peut également traduire à l’avance et en une phrase les termes de l’engagement final des pays participants : « Mon pays s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre et j’ai bien noté que ce n’était pas contraignant ». Bien évidemment, un habillage savant permettra de conclure sur une « avancée décisive ».
En surchauffe, les médias cette semaine ne vont plus savoir où donner de la tête, tous comme nos concitoyens d’ailleurs. Avec l’élévation maritime qui menace les archipels océaniques, la hausse du chômage, la poussée du Front National et la menace terroriste qui plane, beaucoup de Français hier soir, dans l’isoloir, devaient se sentir débordés voire saturés.
Sans passer par les analyses des instituts de sondage, il n’y avait qu’à cette semaine interroger le premier chauffeur de taxi venu ou entendre un groupe de jeunes qui se baladaient dans la rue pour comprendre que la COP21, sa nature et ses enjeux, sont passés bien au-dessus de la tête des gens.
Entre un François Hollande exhortant à un accord sur le sujet écologique et le même homme sur le pont du Charles de Gaulle encourageant les troupes engagées en Syrie, il y avait de quoi confondre les acronymes COP21 et GBU-24, l’un désignant la mise au ban des énergies fossiles, l’autre désignant les bombes larguées par les Rafale sur des groupes terroristes se finançant justement aux énergies fossiles, comme quoi on peut toujours trouver des liens.
Personnage pas forcément recommandable, Hugo Chavez avait le sens de la formule. Pourtant chef d’un Etat gros producteur de pétrole, le président vénézuélien avait dit à l’occasion de la COP15 en 2009 : « Si le climat était une banque les gouvernements des pays riches l’auraient déjà sauvé« . L’histoire du sauvetage énergique de la finance mondiale depuis 2007 lui donnait raison.
Personne ne veut d’une planète sale, irrespirable, irriguée d’eau non potable. Depuis les années soixante dix des progrès indéniables ont été faits. Si cela n’avait pas été le cas, la situation serait bien plus difficile aujourd’hui. Ces avancées l’ont été grâce aux politiques mais aussi du fait de la prise de conscience de certains industriels et beaucoup également grâce aux gens ordinaires qui n’ont pas forcément attendu des instructions pour adopter des comportements davantage responsables.
Au Bourget on ne part pas de zéro. Néanmoins un engagement collectif est toujours bon à prendre. Rien serait une abdication terrible, calamiteuse.
PHB