Hep taxi, un bol d’air !

Les premiers taxis électriques à hydrogène. Photo: PHB/CoopeticRangée comme à la manœuvre, la première flottille de taxis parisiens à l’hydrogène, exhibait pertinemment dès hier matin au départ du Pont de l’Alma, sa couleur bleu ciel. Elles ne sont que cinq voitures de marque Hyundai et constituent pour l’instant le poste avancé de « Hype », le premier groupe de taxis électriques à hydrogène prêts à déferler sur Paris. Elles disposent d’une autonomie de 500 kilomètres et ne rejettent que de la vapeur d’eau.

La station de recharge a été installée par le groupe Air Liquide en partenariat avec la start-up STEP, Société du Taxi Electrique Parisien. Le tout a été inauguré hier après-midi par Anne Hidalgo la maire de Paris. Le but est d’atteindre 70 véhicules d’ici un an sur les 20.000 que compte la capitale. Le déploiement de plusieurs stations à hydrogène ira de pair avec la progression de la flotte. Un rechargement du réservoir ne prend que cinq minutes avec la pression de 700 bars qui leur confère l’autonomie requise.

Très concrète, cette avancée majeure suscite néanmoins quelque étonnement, sachant que les capacités actuelles d’Air Liquide pourraient théoriquement concerner dix millions de véhicules parfaitement propres. Hyundai marque coréenne, Toyota, mais aussi BMW ou Daimler, affichent une volonté de progresser sur cette piste prometteuse, tandis que les constructeurs français apparaissent bien effacés. Le groupe PSA s’en tient à la stratégie de l’hybride qui permet de rouler électrique en ville et au moteur thermique traditionnel passé le périphérique ou au tout électrique classique dont l’autonomie restreinte ne rassure pas ses acheteurs. Il y a bien Renault qui mène actuellement une expérience sur des véhicules Kangoo en les dotant d’un prolongateur d’autonomie à l’hydrogène, mais lorsqu’on est face à ces taxis flambants neufs rangés sur la ligne de départ, l’on peut se demander qui joue les bonnes cartes.

Interrogé par Le Journal du Climat, le groupe PSA assure maintenir une « veille technologique » à l’égard d’une technologie présentée comme maîtrisée depuis 2001. Le groupe Peugeot-Citroën qui participe à l’initiative H2Mobility France (H2 pour hydrogène ndlr) précise d’une part que « le surcoût d’un véhicule à pile à combustible n’est pas compatible avec les capacités d’absorption du marché » et que d’autre part, « l’engagement d’un programme de véhicules à piles à combustible ne peut s’envisager sans le préalable et la garantie d’une distribution d’hydrogène économiquement  avantageuse pour le client ». On ne saurait être plus prudent. Le groupe Renault-Nissan, qui promeut en ce moment son modèle Leaf à autonomie rallongée, n’a pas répondu à notre sollicitation.

Il n’empêche que les taxis coréens sont bien là, visibles, utilisables enfin et que l’idée est d’en produire plusieurs centaines. Hyundai joue depuis hier sa petite partition écolo dans les rues de la capitale de même que le groupe Air Liquide et la Mairie de Paris. Et on l’a vu avec les taxis Uber, les choses peuvent aller s’accélérant, le consommateur de plus en plus averti étant le grand maître du jeu.

PHB

réservoir d'hydrogène et pile à combustible exposés au Grand Palais. Photo: PHB/Coopetic

Réservoir d’hydrogène et pile à combustible exposés au Grand Palais. Photo: PHB/Coopetic