COP 21: «La Conférence de Paris va permettre un changement de cap»

Nicolas Hulot. Photo: Frédéric HastingsMême s’il ne reste que quelques heures pour la signature d’un accord final entre les 195 pays, la COP 21 marque un tournant. Envoyé spécial du Président de la République François Hollande pour la protection de la planète, Nicolas Hulot en est convaincu. Il l’a affirmé dans la matinée du 10 décembre 2015 à l’occasion de la Conférence Annuelle des Entrepreneurs organisée à Bercy par Citizen Entrepreneurs. « Je pense que la Conférence de Paris va permettre un changement de cap», a-t-il déclaré à l’auditoire. Pour la première fois, un tel événement réunit 195 pays prêts à s’engager sur la voie de la transition climatique ainsi que le secteur privé. «Une dynamique va démarrer à Paris», a -t-il insisté.

Mais tant que la négociation sur l’accord final se poursuit, il demeure essentiel d’être très exigeant jusqu’à la fin de la conférence, soit ce vendredi soir. Un point marquant de la COP 21 est que tous les Etats présents sont pour l’essentiel d’accord sur le diagnostic du réchauffement climatique. Alors qu’il est au côté du ministre des affaires étrangères Laurent Fabius, président de la COP 21, Nicolas Hulot n’a pas caché que quelques pays pétroliers (Venezuela, Arabie Saoudite,…) posent quelques difficultés. «L’effort est plus culturel que technique», a-t-il expliqué. Car le mode d’émancipation dans le monde économique a reposé sur les énergies fossiles. Lors des prochaines années, tout l’enjeu va consister à leur tourner le dos.

Les conditions requises

Pour y arriver avec succès, plusieurs conditions sont requises. Selon l’envoyé spécial du Président de la République, il faut tout d’abord introduire un signal fort dans l’économie en introduisant un avantage compétitif à l’économie bas carbone. Ce qui implique de donner un prix au carbone. « Il est essentiel de créer un levier: un prix sur la tonne de CO2 pour que tous les secteurs soient mis à contribution», a-t-il souligné. Autre condition, les Etats doivent cesser de financer les énergies fossiles. «Je me bats sur ce sujet. Cela handicape l’émergence des énergies innovantes», a rappelé Nicolas Hulot. Enfin, l’outil fiscal n’a pas non plus à être oublié. Selon l’envoyé spécial du Président de la République, taxer tout ce qui est négatif (dont les énergies fossiles, le carbone) devrait être la règle d’or. Il pense que la COP 21 pourrait permettre d’aller vers l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré à la fin du 21ème siècle.

Deux points délicats

D’ici-là, les dernières heures de négociation de la COP 21 s’annoncent délicates. Les pays pauvres sont particulièrement sensibles à deux volets. Dans le projet d’accord, il est prévu une clause de révision des engagements à la hausse des Etats tous les cinq ans. Seulement, certains pays voudraient que cette clause ne commence à courir qu’à compter de 2025. «C’est beaucoup trop tard. Je serai pour 2020», a lancé Nicolas Hulot. Les pays pauvres attendent aussi des précisions claires des pays développés qui s’étaient engagés, lors de la Conférence Climat de Copenhague en 2009, d’apporter collectivement 100 milliards de dollars par an pour les aider à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à s’adapter aux conséquences du réchauffement climatique. Il s’agit notamment de définir la répartition de ce montant entre le secteur privé et le secteur public ainsi que celle entre les prêts et les dons. «Nous sommes obligés de penser la planète comme un seul espace de solidarité», a insisté Nicolas Hulot. Sinon la crise climatique fera exploser l’extrême pauvreté sur la terre et risque d’augmenter les migrations. «La crise climatique n’est pas une crise parmi d’autres. C’est l’ultime injustice qui peut mettre le feu aux poudres sur la planète», a-t-il prévenu. Il s’est toutefois voulu positif sur l’issue de la COP 21 en concluant: «je reste confiant car nous avons les cartes en main».

Frédéric Hastings

La photo de groupe avec Nicolas Hulot. Crédit: Frédéric Hastings

La photo de groupe avec Nicolas Hulot. Crédit: Frédéric Hastings