La Cop21 a peut-être joué en faveur de la gauche lors des dernières élections régionales, mais le siphon n’a pas fonctionné en faveur du foyer naturel de l’électorat écologique dirigé par Emmanuelle Cosse, Europe Ecologie les Verts. Aux régionales de 2010, EELV pouvait se targuer d’avoir réuni 12% des votants, le cru 2010 l’a fait presque chuter de moitié.
Il est bien dommage que le parti de l’écologie tombe si bas alors que les enjeux environnementaux n’ont jamais été aussi cruciaux. En Bretagne, EELV n’a même pas été en possibilité de se maintenir au 2e tour ce qui a grandement facilité la tâche de Jean-Yves le Drian pour se passer de leur soutien et se faire élire haut la main.
Sans tomber dans une querelle d’analyse, il y a néanmoins quelques éléments qui sautent aux yeux, qu’Emmanuelle Cosse pourtant méritante, compétente et réputée « bosseuse », pourrait considérer.
Avec la prise de conscience au fil des années, de l’importance de préserver l’environnement, les partis et organisations écologistes ont perdu un monopole, autrefois naturel. A droite, au centre, à gauche, la dimension écologique est depuis bien longtemps intégrée. EELV et consorts apparaissent dès lors au grand public comme l’aile dure de la défense de la nature, entraînant dans l’opinion une crainte d’un autoritarisme vert, culpabilisant et punitif, même si en entrant dans le détail, la réalité est plus modérée.
D’autre part, hormis au sein de ses propres troupes, personne ne voit EELV comme un parti de gouvernement mais seulement comme un vivier d’idées utiles au gré des accords, une sorte de branche additionnelle, notamment avec le PS quand il faut faire l’appoint en voix.
Pas plus qu’un parti qui serait exclusivement voué soit aux entreprises, à la culture, à la défense ou encore à l’économie, EELV ne pourrait envisager d’embrasser l’ensemble des responsabilités naturelles qui échoient à un gouvernement. On entend bien EELV protester par exemple sur les dérives -réelles- de l’état d’urgence mais, sur les questions de sécurité justement, ou d’éducation, des retraites, de justice, de santé, de défense, Europe Ecologie les Verts est inaudible, non seulement en raison de son intitulé restrictif et donc de son manque de légitimité, mais faute également d’intervention suffisamment articulée sur ces sujets.
Pourtant EELV dispose d’un bon atout, non seulement en raison de la personnalité de sa dirigeante mais surtout grâce à la bonne capacité de l’appareil à communiquer, au même titre qu’un parti plus important. EELV doit s’emparer de tous les sujets, y compris ceux qui lui sont le moins naturels et peut-être mais pas seulement, en intégrant en son sein des spécialistes respectés, reconnus et audibles.
S’il s’avère que le bicaméral gauche-droite a effectivement vécu, EELV doit se préparer à jouer autre chose que le ministre vert de service, comme ce fut le cas un temps de Cécile Duflot au logement et à l’égalité des territoires. Peut-être que cela doit passer aussi par un changement de nom, moins marqué « Transition-éoliennes-nucléaire-vélo-boutique-bio-toilettes-sèches » qu’actuellement. La légitimité d’EELV doit s’étendre sur d’autres terrains, seul moyen d’élargir une base électorale..
La main tendue hier de Cécile Duflot (députée, vice-présidente du groupe écologiste à l’Assemblée) à François Hollande afin de former une coalition gouvernementale est presque anecdotique. Sa volonté d’inscrire le dérèglement climatique dans la Constitution n’est que du marketing vert sur la forme et une ineptie sur le fond eu égard à l’objet fondamental de la vocation constitutionnelle qui est tout sauf opportuniste.
La France a besoin d’une offre politique plus riche à partir d’organisations compétentes sur l’ensemble des sujets qui font fonctionner un pays. Un attelage écologique et social d’EELV avec par exemple le Front de Gauche réuni sous une seule bannière, cela aurait déjà un peu plus de poids et de crédit.
PHB