Ambiance sauna dans le sous-sol d’Ivry-sur-Seine

Forage géothermique à Ivry-sur-Seine. Photo: PHB/CoopeticJour et nuit la foreuse fait son travail exploratoire pour s’en aller chercher de l’eau chaude à 1600 mètres de profondeur. Elle a été inaugurée le 18 décembre à Ivry-sur-Seine à proximité du croisement de la Seine et de la Marne. But de l’opération qui doit durer jusqu’à fin janvier, alimenter en eau chaude l’équivalent de 12.000 logements, exactement 7000 dans le quartier industriel de Confluences en devenir et 5500 centre ville. Cette affaire évitera à terme le rejet dans l’atmosphère de 11.000 tonnes de CO2 par an, soit, nous dit-on, la production annuelle en effluents de 8700 véhicules. La mise en service est prévue pour le courant de l’année 2017.

C’est dans les années soixante-dix que les capacités des profondeurs du parisien en eau chaude ont été évaluées, dans la foulée du premier choc pétrolier (1973). La plus connue des nappes chaudes en exploitation par une trentaine d’installations géothermales s’appelle le « Dogger », un réservoir de 15.000 kilomètres carrés avec des températures s’étageant entre 56 et 85 degrés.

Le principe de fonctionnement est assez simple, l’eau est d’abord pompée, elle passe à travers un échangeur thermique et elle est réinjectée dans la nappe une fois sa mission de surface accomplie en mode « éco-friendly ».Cependant tout n’est pas entièrement rose. Le site du Bureau de recherches géologiques informe notamment que ce genre d’exploitation comporte un risque de diminution de son potentiel en raison du refroidissement dû à une réinjection d’une eau descendue à 40°, se complique d’un danger de pollution bactérienne et d’une acidification de l’eau engendrant la corrosion des installations. Ce qui implique un certain contrôle.

Les deux forages qui seront successivement réalisés coûteront au total 28 millions d’euros avec un contrat de délégation de service public accordé par Géotelluence, à Cofely Réseaux et CPCU (Compagnie Parisienne de Chauffage Urbain) toutes deux filiales de ENGIE, pour exploiter le Dogger, construire la station d’échange et l’interconnexion avec le réseau de chaleur du Centre-ville, puis exploiter le réseau d’Ivry Confluences pour une durée de 20 ans après les 2 ans de travaux

Aujourd’hui, près de 70% des moyens de chauffage se font avec des énergies fossiles, une tendance que le Grenelle de l’environnement (2010) invitait à inverser dans les années à venir. Parmi les énergies dites renouvelables, la géothermie (7% des réseaux de chaleur) est loin d’être une innovation puisque les habitants de Chaudes-Aigues dans le Cantal ont compris depuis plusieurs siècles l’intérêt de cette chaleur facile. Vie moderne aidant, on apprend aussi de nos jours à récupérer l’eau chaude des centrales nucléaires ou encore celle issue des data-centers. Sachant que ces derniers fonctionnent, du moins en France, par de l’électricité majoritairement fournie par les centrales nucléaires, nous avons là une forme d’économie en circuit fermé comportant sa part de rédemption.

PHB

L’ancienne usine d’élévation des eaux de la ville de Paris, à Ivry-sur-Seine, dans la zone industrielle concernée par le nouveau projet d’aménagement urbain. Photo: PHB/Coopetic