Même si l’on ne voit pas très bien en quoi certaines annonces listées par la Mairie de Paris seraient légitimes pour figurer dans une « transition écologique » revendiquée comme telle, elles n’en demeurent pas moins de bonnes nouvelles pour les Parisiens. Ces derniers pourront en effet jouir de nouveaux tronçons de la Petite ceinture, bénéficier de trois hectares et demi d’espaces verts sur le domaine de Longchamp et enfin jouer les noctambules dans la moitié des parcs de la capitale de la mi-avril à la mi-septembre. De quoi s’aérer davantage les poumons, certes, mais pour le transit écologique c’est moins clair.
Sur les 66 annonces présentées lors des vœux de Anne Hidalgo aux élus parisiens et au personnel du Conseil de Paris, seize concernent cette « transition écologique ». Cela semble effectivement aller de soi pour l’investissement dans le réseau (C40) international des villes qui veulent traduire en actes les termes finaux de la Cop21, la restitution aux piétons des Champs Elysées une fois par mois à compter du printemps, la livraison du premier immeuble de logements sociaux ainsi qu’une piscine, chauffés dans les deux cas avec la récupération de la chaleur émise par les serveurs informatiques et les data centers, la journée sans voitures étendue à tout Paris le premier week-end de septembre ou encore la multiplication des points de recharge rapide pour les véhicules électriques.
En revanche cela reste à prouver pour la « piétonisation » accrue des berges de la Seine entre le pont des Tuileries et le pont Henri IV dès la fin de l’été 2016. Les déports de circulation automobile que cela entraînera en effet sur les quais hauts ne peuvent que créer des nuisances supplémentaires (bruit, pollution) dont la valeur écologique n’est pas évidente, sans compter la gêne imposée à ceux dont le véhicule leur sert de transit économique pour financer les fins de mois. La façon dont les Parisiens ont été consultés à ce propos est en outre sujette à caution en raison de la grande faiblesse de la participation.
Enfin, mais c’est là le propre de tout exercice de communication par définition optimiste, la liste ne comptait évidemment pas le sujet qui fâche beaucoup de monde, à savoir la construction d’un stade de tennis de 5000 places avec l’aval de la mairie et de Matignon au profit de Roland Garros, sur la superficie modeste des jardins des Serres d’Auteuil. Tant de béton sur aussi peu d’espace vert ne pouvait naturellement pas s’inscrire dans un chapitre de « transition écologique ». Les travaux ont été suspendus début décembre pour trois mois au motif du droit d’auteur s’agissant d’un endroit historique et théoriquement protégé, mais la partie est loin d’être gagnée pour les Parisiens.
Il reste que l’espace vert dévolu à la promenade est en progression constante à Paris, l’un des exemples les plus remarquables étant la couverture du périphérique à la Porte des Lilas ou encore le parc Martin Luther King aux Batignolles qui achèvera son extension en 2018. Une politique municipale qui se déploie même jusqu’au Mali avec la création d’une « Forêt de Paris » en terre africaine, « pour témoigner de la solidarité » de la capitale et « de son engagement pour le climat ». Les jardins des Serres d’Auteuil et ses usagers ne demanderaient pas davantage d’égards.
PHB