Pris dans une spirale infernale, le prix du pétrole n’en finit pas de chuter entraînant dans son sillage mortifère, l’économie de la plupart des pays producteurs et les valeurs boursières directement ou indirectement liées à cette énergie fossile. Il n’est même pas certain que cette situation débouche sur une hausse des consommations malgré des prix à la pompe attrayants, les propriétaires d’automobiles ayant à la fois pris le pli de l’austérité et celui de la bienséance due aux changements climatiques. L’effet d’aubaine se fait attendre..
Qu’il paraît lointain le baril à cent dollars. Qu’il s’agisse du Brent ou du WTI, les deux indices s’approchaient lundi du seuil des trente dollars dans une ambiance spéculative où les plus pessimistes jugeaient désormais que la culbute-arrière opérée par le pétrole pouvait carrément l’emmener vers les dix dollars. La barre des vingt dollars a en tout cas été envisagée par des banques américaines comme Goldman Sachs et Morgan Stanley. Tandis qu’un panel d’optimistes verraient plutôt le baril remonter la pente vers les 40 dollars ou plus passé le premier trimestre. La découverte de nouveaux gisements plus ou moins potentiels n’est pas faite non plus pour entretenir la confiance des investisseurs. Une autre question cruciale est la dette portée soit par les pays producteurs, soit par les entreprises du secteur. La chute du baril ne peut qu’en compliquer le remboursement.
A trente dollars et des poussières, il y a les pays qui théoriquement peuvent en profiter pour stimuler des croissances qui peinent à dépasser les 1% et les nations exclusivement productrices qui paradoxalement se voient contraintes d’augmenter les prix à la pompe pour maintenir les finances publiques à flot. On ne peut même pas se réjouir de cet inversement de levier au détriment des producteurs car leurs investissements nourrissent également la croissance des autres et il sera dans cet esprit, sans doute plus difficile qu’en 2014 pour un pays comme la France, de leur vendre des armes ou des avions de ligne.
Dans ce contexte de gueule de bois, le président de l’Opep a demandé hier pour début mars une réunion des produits producteurs, dont il était convenu dès lors que le prix baril prendrait la liberté de vagabonder en-dessous des 35 dollars ce qui est largement le cas. Mais le marché actuel est majoritairement dans les mains de pays qui ne font pas partie de l’Opep et les membres de cette organisation n’ont pas, du moins pour l’instant, le projet de réduire leur production. Il reste que les « plus-bas » actuels ont renoué avec les niveaux de 2003 et 2004. Un cercle vicieux, un air vicié et des enjeux bien différents, font de la nouvelle problématique d’un baril à bas coût, un vrai casse-tête.
PHB