La consultation de l’agence Xinhua ( sorte d’AFP chinoise) est toujours pleine de surprises. Hier elle nous apprenait deux choses assez étonnantes via une dépêche en provenance directe de Pékin. D’une part on y apprenait la publication d’un livre blanc sur ce qu’il convient de faire pour protéger la population du risque nucléaire et dans la foulée, un plan d’installation en mer de centrales nucléaires flottantes si les conditions de sécurité sont réunies…
Le livre blanc, baptisé « Préparation de la Chine aux urgences nucléaires », a été publié par le bureau de l’Information du Conseil des Affaires d’Etat. Ce n’est pas une première pour le pays qui avait déjà organisé, en 2009 et en 2015, des exercices de sécurité nucléaire ayant mobilisé quelque 6000 personnes. Le tout avait réalisé en présence d’observateurs et d’experts du Japon, de République de Corée, de France, du Pakistan et de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
Actuellement les opérateurs de centrales nucléaires sont tenus de procéder à des exercices tous les deux ans.
C’est dans ce contexte qu’est intervenue la seconde nouvelle, la plus surprenante a priori, visant à installer des centrales nucléaires en mer. Selon une note de l’ambassade de France à Pékin, le parc nucléaire chinois est, au premier semestre 2015, composé de 25 réacteurs en exploitation, représentant une puissance installée de 23 570 MWe, et de 26 en construction (28 200 MWe). L’agence Xinhua parle de son côté, un an plus tard il est vrai, de 30 réacteurs en exploitation et de 24 en construction mais toutes situées sur le plancher des vaches. Au rythme actuel de son développement, le pays devrait dit-on, détenir le deuxième parc nucléaire derrière les Etats-Unis et devant la France.
Ce faisant et selon, Xu Dazhe, chef de l’Agence nationale de l’énergie atomique, une centrale nucléaire flottante, telle qu’envisagée également par les Russes, ne pourra être planifiée qu’avec des « conditions absolument sûres« .
C’est sur ces termes qu’il est permis de s’interroger faute de détails techniques supplémentaires. Rien qu’en regardant la carte des cyclones tropicaux sur 20 ans (entre 1985 et 2005) on peut remarquer que le phénomène s’étend grosso modo du golfe du Mexique jusqu’en… Chine, Japon et Philippines.
Certes « la Chine effectuera une étude sur la faisabilité approfondie et scientifique avant de prendre sa décision« , a fait savoir M. Xu. Cela devrait heureusement prendre un certain temps. Comment construire ce qui devrait être une sorte de navire non voué au transport mais à la production et à la distribution d’électricité atomique, comment l’amarrer, comment le rendre insubmersible, toutes sortes de problèmes qui peuvent être travaillés en fonction de ce que l’on sait ou de ce que l’on peut prévoir. Quand les accidents se produisent cependant, c’est bien souvent à la suite d’un événement ou d’un enchaînement d’événements imprévus.
Si l’on s’en tient au projet russe en cours auquel la Chine s’intéresse, il s’agirait donc d’une centrale nucléaire mobile (1), susceptible d’être remorquée en fonction des besoins géographiques en électricité. Cela a notamment un intérêt pour alimenter en énergie des régions éloignées. Il n’y a plus qu’à procéder à un branchement avec le navire faisant office de centrale, un peu comme si on le faisait à partir d’un porte-avions nucléaire qui comporte son propre réacteur. Si ce dernier ne propulse plus, il peut alimenter, c’est là que se trouve le « truc ».
L’idée comporte un calcul un peu cynique. Si un réacteur fusionne, si l’ensemble coule, il sera vite refroidi et enseveli, sans conséquences terrestres directes comme on l’a vu à Tchernobyl ou Fukushima. Sur le plan environnemental et singulièrement maritime, tout cela reste très discutable. Il reste qu’avec les sous-marins et porte-avions nucléaires, l’expérience est déjà là. Avant d’envoyer le Charles de Gaulle à la casse le jour venant, on pourra toujours l’employer encore quelques années comme générateur…
PHB