Alors que le sort du jardin des Serres d’Auteuil semblait joué pour ses défenseurs, du simple usager aux associations de défense de l’environnement, le balancier de la justice a depuis inversé la tendance. Sans remonter plusieurs années en arrière, la partie qui se jouait en 2015 opposait deux camps.
D’un côté la Fédération française de tennis (FFT) alliée à la Mairie de Paris entendait implanter au beau milieu de ce petit parc, une extension du stade Roland-Garros voisin via une enceinte tennistique de 5000 places semi-enterrée comprenant la mise à disposition de certains bâtiments actuellement dévolus aux activités du site, de l’autre les associations de défense de l’environnement et du patrimoine qui jugeaient le futur projet pour le moins abusif.
Au début de l’été 2015 l’affaire semblait scellée en faveur des pro-extension. Malgré l’opposition de la ministre Ségolène Royal, en dépit d’une alliance de circonstance du Conseil de Paris unissant la droite et les écologistes ayant débouché sur un vote d’opposition majoritaire, la Mairie de Paris, forte de la possibilité de passer outre l’avis d’une assemblée délibérante, avait décidé de passer en force en obtenant du Premier ministre la signature des permis de construire.
Mais à l’automne, au nom du droit moral lié à l’architecte (Jean-Camille Formigé) historique de ce lieu protégé, un tribunal de grande instance avait bloqué pour trois mois les travaux en attendant un jugement sur le fond. Et dans un second temps, le 24 mars 2016, le juge des référés du Tribunal administratif imposait un deuxième blocage en émettant des doutes sur la légalité des fameux permis de construire.
Selon le juge, « en vertu de l’arrêté ministériel du 23 septembre 1957 qui classe le Bois de Boulogne en lieu à usage de promenade, toute destruction, même partielle, ou tout changement d’affectation ne serait-ce que d’une parcelle doivent être entérinés par un décret du Conseil d’Etat après consultation de la Commission supérieure des sites. Ce qui aurait dû être fait en amont du projet ». Et de conclure qu’il existe « un doute sérieux sur la légalité du permis de construire ». Depuis, comme lé révélait le journal Le Parisien dans son édition de ce matin, la FFT a d’elle-même demandé à la Mairie de Paris le retrait d’un permis de construire qui devait déboucher sur la mise en place de bâtiments préfabriqués liés aux futurs travaux. Un rétropédalage en règle.
Dans cette affaire, les associations n’ont commis qu’une erreur, celle de plaider pour une autre solution consistant à couvrir une partie de l’autoroute voisine afin d’y loger le futur stade. Ce faisant elles accréditaient le besoin d’extension du stade Roland Garros qui fonctionne à surface égale depuis plusieurs dizaines d’années alors que, justifié ou non, ce n’était certes pas eux de se porter objectivement au secours d’un projet à vocation pour le moins commerciale.
Jusqu’à présent, la justice ne s’est pas prononcée sur le fond mais sur la forme, sans statuer c’est bien dommage, sur l’indélicatesse des uns visant à priver les autres de la tranquillité d’un bel espace vert. Ce sera au Conseil d’Etat de se prononcer d’ici quelques mois sur la légalité de l’affaire avec le risque toujours possible d’un déclassement partiel susceptible d’enclencher le démarrage des travaux. En attendant, l’espoir a changé de camp. PHB