Du luxe pour la friche SNCF

La friche de la Gare de l'Est. Photo: PHB/LSDP

La friche de la Gare de l’Est. Photo: PHB/LSDP

Une sombre rivière macule l’escalier monumental qui permet d’aller rapidement de la Gare de l’Est à la Gare du Nord. Si l’on n’est pas enrhumé, aucun doute possible, c’est de l’urine. En haut cette pauvre rue d’Alsace pue presque autant. En contrebas une friche jouxte le dernier quai de la gare. Mais voilà qu’un panneau explique aux passants que cet environnement peu ragoûtant sera métamorphosé à l’horizon 2019.

Le plan proposé est une action combinée de la SNCF et de la mairie de Paris à partir d’un « délaissé » apparu depuis le départ de la Poste. Un peu plus long que le quai voyageurs numéro un qu’il borde, le terrain est actuellement une sorte de dépotoir avec un vieux bâtiment à l’abandon au bout. Tout cela ne paie pas de mine.

« Soucieuses » d’améliorer un micro-quartier qui part de très très bas, la SNCF et la mairie de Paris ont élaboré un plan d’action et ce, d’autant plus facilement que pour une fois, cela ne dérange personne. Histoire de faire un peu de mixité sociale à l’envers, il sera installé un hôtel quatre étoiles tout en longueur. Un jardin public de trois mille mètres carrés sera installé sur le toit du bâtiment, accessible par une passerelle tendue depuis la rue d’Alsace.

L’idée est étonnante si l’on fait l’effort de l’imaginer achevée. En gros il y aurait sur le toit les gens qui font l’ordinaire de la rue d’Alsace et dessous une catégorie nettement plus privilégiée buvant leur champagne à petites gorgées. Selon un communiqué de la SNCF il s’agira précisément « d’un véritable lieu à vivre réservé aux clients qui pourront s’y restaurer, travailler, boire un verre et lire la presse en toute liberté ». Il suffit de se promener le soir dans le coin pour bien mesurer le travail à faire entre la réalité d’aujourd’hui et le rêve de demain.

A vrai dire le coin pourrait d’évidence être plus sympathique. Quand on emprunte le bel escalier actuel, la rue d’Alsace fait ensuite esplanade. Les préaux qui recouvrent les voies ondulent presque jusqu’à l’horizon. Leur couleur verte donne des envies d’océan ou plus logiquement de forêts vosgiennes.

PHB

Article publié le 15 juillet 2016 dans ©Les Soirées de Paris