La preuve par les glaçons

Il y a eu le 18 janvier un échange aigre-doux entre le nouveau ministre de l’environnement de l’équipe Trump et l’ex-candidat démocrate Bernie Sanders. Devant le Congrès, Scott Pruitt a fait part de son scepticisme quant à l’importance de l’impact des activités humaines sur l’élévation thermique de l’atmosphère. Cette position a mis hors de lui et à juste titre Bernie Sanders. Cependant que marteler le contraire d’une évidence peut troubler les esprits, chacun devrait pouvoir se faire une idée sans être pour autant scientifique.

L’expérience n’est pas très compliquée à mener. Il suffit de de déployer sur un plateau quelques glaçons sortis d’un réfrigérateur. Si l’on dépose ensuite ce plateau dans une pièce d’environ 20 m2, il convient dans un premier temps d’observer montre en main à quelle vitesse les cubes de glace vont complètement disparaître, admettons deux heures à une température ambiante de 21°. Dans un second temps on renouvelle la démarche expérimentale en faisant entrer dans la même pièce une vingtaine de personnes et en allumant quelques lumières supplémentaires. On demandera également aux volontaires de ne pas rester immobiles tout en discutant, ce qui peut caractériser on en conviendra, une « activité humaine ».
Chacun ayant dans sa vie participé à une réunion entre amis, un pot entre voisins, peut comprendre que la température au bout d’une heure, va s’élever de plusieurs degrés. Quand il ne s’agit pas d’une expérience, arrive très vite le moment où quelqu’un demande à ce qu’une fenêtre soit ouverte. Mais si ce n’est pas le cas, les glaçons que l’on aura au préalable disposés sur un plateau vont se liquéfier plus rapidement en raison de « l’activité humaine ».

Alors que personne ne conteste que l’homme modifie son environnement (si l’on a des yeux pour voir), que l’humanité pollue visiblement les océans, les lacs, les rivières, qu’elle réarrange la flore naturelle (en remplaçant par exemple une forêt par des champs de blé), qu’elle influence les volumes des espèces animales (jusqu’à en faire disparaître), il serait quand même étonnant que l’atmosphère et sa température restent à l’abri. Toute une série de facteurs extra-humains joue sur les températures (océans, volcans). Mais depuis l’époque pré-industrielle, la population mondiale a été multipliée par sept, prenant dès lors sa part d’influence notamment en termes de consommation énergétique. Scott Pruitt nommé par l’administration Trump à la tête de l’Agence de protection de l’environnement et connu pour son scepticisme dans ce domaine a déclaré que « la capacité à mesurer avec précision le degré et l’étendue de cet impact, et ce que nous devons faire à son égard, font l’objet de débats et de discussions continuels. Il faut en débattre« .

On ne sait pas encore à ce jour si les États-Unis  sortiront de l’accord signé à Paris dans le cadre de la Cop21 fin 2015. Il semblerait que ce ne soit pas le cas mais il est en revanche permis de douter qu’ils y mettront tout le zèle que l’on pouvait attendre sous l’administration Obama. Tout le monde ne peut pas comme Laurent Fabius en son temps aller constater aux abords du Pôle Nord, les effets d’un certain réchauffement et des dégâts en chaîne que cela peut provoquer. Mais on peut se faire une petite idée avec quelques glaçons sortis du frigo en invitant quelques amis autour d’un pot.

PHB