Le vendredi 25 août les automobilistes empruntant par habitude la voie Georges Pompidou ont découvert que pendant leurs vacances, elle avait été réduite à une file. L’autre partie de cet axe d’ordinaire dévolu à la fluidité du trafic a été remplacée par une piste cyclable à double sens. Au moment où a été prise cette photo on ne voyait que des voitures roulant encore aisément à la veille du grand week-end des retours, mais pas de vélos. Un tel forcing interroge, moins sur les objectifs que sur la méthode employée.
Le plan vélo se déploie en effet dans Paris (Rue de Rivoli, boulevard Voltaire…) alors que l’offre de transports en commun stagne. Pour ceux qui n’ont pas la forme physique pour utiliser une bicyclette, y compris à assistance électrique, ceux qui tout simplement n’ont pas le goût du vélo, ou encore ceux qui ont besoin de leur automobile dans le cadre de leur travail, ils feront face à une seule alternative. Continuer à prendre le volant avec des temps de parcours qui vont considérablement s’allonger où bien se rabattre sur des transports en commun passablement saturés. On sait que la qualité de l’air ne s’en trouvera pas forcément améliorée puisque de la mise en place de ces goulets d’étranglement destinés à décourager l’usage de la voiture résultent surtout des déports de circulation vers d’autres axes déplaçant dans le même temps la pollution ailleurs.
Il y avait des solutions sages comme réserver ces voies express aux vélos le week-end ou encore les limiter aux véhicules électriques, le temps que l’offre de transports en commun s’améliore, mais la méthode coercitive a été préférée.
Si l’on en juge par la cote de popularité de la maire de Paris qui totalisait fin juillet, selon le baromètre Ipsos/Le Point 49% d’avis défavorables contre 28% de favorables, il y a de toute évidence un problème de méthode. Dans un style « Fort Boyard » ou de patronage à l’ancienne comme on voudra, la mairie a lancé en août un nouveau « défi » titré « 3 semaines sans ma voiture » (ou sans scooter) destiné à évaluer les problèmes qu’un tel choix est susceptible de poser pour l’usager et à sensibiliser les habitants ou non de Paris aux autres moyens de transport existants. Il suffirait à nos édiles d’emprunter tout simplement la ligne 13, la ligne 11, le RER A, B, C ou D aux heures de pointe pour comprendre facilement que l’alternative n’est pas au point. Une réalité dont seuls les usagers (surtout ceux qui font de grandes distances) souffrent en silence.
PHB