Le monde s’est malheureusement habitué aux effets de manches climatiques qui émaillent chaque sommet sur le sujet. L’on promet, l’on déplore, l’on alerte, l’on menace, l’on incante et, après ce défoulement thérapeutique, l’on prend rendez-vous pour la prochaine. Cependant qu’il a à nouveau été question du projet (commencé) visant à tendre une ceinture forestière et agricole depuis le Sénégal jusqu’à Djibouti. Cette sorte de sangle abdominale a germé au tournant des années 2000. Il s’agissait (et il s’agit toujours) de contenir l’avancée du désert, de recréer de la biodiversité et par dessus le marché, d’installer un substantiel piège à carbone.
Si le président Macron a évoqué le sujet en marge du sommet de Glasgow, C’est que non seulement les choses ont semble-t-il progressé, mais que de l’argent a (enfin) été engagé. Emmanuel Macron a révélé que sur les 19 milliards de dollars promis, 46% seraient déjà sur la table dont 600 millions rien que pour la France. Il reste que seulement 15% du tracé a été planté si l’on en croit les responsables. Longue de 8000 kilomètres, la future barrière sanitaire représente quelque cent millions d’hectares soit une fois et demie la totalité du territoire français qui en additionne 64. Si cette affaire hautement souhaitable allait jusqu’au bout, elle pourrait piéger chaque année 250 millions de tonnes de dioxyde de carbone. C’est peu eu égard aux quelque quarante milliards émises chaque année sur le globe, mais au moins la légitimité de la bonne marche à suivre serait établie. Au Sénégal, la Grande Muraille mesure 545 km de long sur 15 km de large, soit près d’un million d’hectares. Peu à peu, il a été constaté que la nature y recouvrait progressivement ses droits. L’une des difficultés et non des moindres est que ce ruban de survie traverse des régions bien moins stables sur les plans politique et sécuritaire que le Sénégal. Mais il est clair que le pari vaut la peine d’être tenu dans la mesure ou sa réussite prendrait indéniablement valeur d’exemple sur d’autres continents. PHB