Sans doute que la principale victoire la Cop21 porte sur la reconnaissance par 195 pays d’un réchauffement atmosphérique dû aux émissions de gaz à effet de serre. Pour le reste c’est à voir. Il faudra attendre la ratification d’au moins 55 pays au printemps à New York et prier le ciel, c’est le cas de le dire, pour qu’après 2020 (date d’entrée en vigueur de l’accord trouvé au Bourget), un certain nombre de nations ne décident pas d’en sortir au moyen d’un simple faire-part comme il est prévu.
Le douze décembre au soir, veille de l’accord, on aurait pu croire que Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et maître de la cérémonie, vantait une marque de café quand il évoquait un texte constituant « le meilleur équilibre possible, un équilibre à la fois puissant et délicat, qui permettra à chaque délégation de rentrer chez elle la tête haute, avec des acquis importants ».
Aromatique donc, puissant, délicat, l’accord visant à contenir « bien en-dessous de 2° » l’élévation des températures terrestres par rapport à l’ère pré-industrielle, représente cependant un engagement inédit, juridiquement et surtout moralement contraignant. Il prévoit la révision tous les cinq ans des engagements de réduction des gaz à effet de serre et une aide financière substantielle (au moins 100 milliards de dollars) pour les pays du sud confrontés aux conséquences, identifiées comme telles, du réchauffement. En l’état actuel des efforts menés à l’échelle mondiale, la trajectoire de l’augmentation des températures conduirait l’astre terrestre sur un palier de +3 degrés tandis que l’accord arraché samedi après une nuit blanche devrait permettre de limiter à terme cette poussée à 1,5 degré. Sachant en outre que l’élévation de la température mondiale a été évaluée d’environ un degré entre 1901 et 2012.
Un seul élément n’a pas été pris en compte dans les discussions, du moins dans le résultat, c’est la variabilité naturelle du climat. L’activité solaire, océane, volcanique, sont à même de faire bouger le mercure sans que l’activité humaine en soit responsable. Un coup de chaud naturel qui s’additionnerait aux activités humaines rendrait plus urgent encore la réduction des émissions des gaz à effet de serre, tandis qu’un phénomène de fraîcheur durable pourrait rendre caduque l’objectif de l’accord. Devenue depuis samedi responsable à l’égard de son atmosphère, l’humanité devra également faire preuve d’humilité au lieu de se croire grand maître du mercure.
PHB
NB : Le dimanche 29 novembre 2015, des milliers de personnes marchaient pour « sauver la planète ». Pas à Paris, état d’urgence oblige. Sur la place de la République, 22 000 paires de chaussures remplaçaient les marcheurs le temps d’une matinée. A l’origine de ce happening, Avaaz.org, une ONG internationale habituée des pétitions numériques et membre de la Coalition Climat 21. Journalistes au Journal du Climat, Méréva Balin et Emiliano Pappacena, caméra et micro en main, ont interrogé Marie Yared (ci-contre), responsable des campagnes France, sur les raisons et les objectifs de cette mobilisation. Une interview diffusée à retardement qui fait pertinemment écho à l’accord mondial sur le climat approuvé samedi au Bourget. Voir la vidéo (sur Vimeo)