Celle qui n’était encore que candidate aux élections régionales, Valérie Pécresse, a préféré bifurquer sur la gauche au sortir du stand Air Liquide. Dommage. Elle venait de rater une occasion, ce jeudi 10 décembre au Grand Palais, de faire la connaissance de Pascal Mauberger, président de l’association française pour l’hydrogène et les piles à combustible (Afhypac).
Oui dommage car ce polytechnicien est l’une des figures de proue de l’utilisation de l’hydrogène comme produit de substitution aux énergies fossiles. Il était à Paris durant la Cop21 pour se mêler aux multiples débats visant à isoler des solutions au problème du réchauffement atmosphérique. Pascal Mauberger est habité par trois convictions très simples, l’une étant la reconnaissance du problème des gaz à effet de serre, la seconde se fonde sur l’accroissement mondial des besoins en énergie et enfin la troisième qui ferait de l’hydrogène la base d’une croissance sans dommages pour l’atmosphère.
Par ailleurs PDG de McPhy Energy, une start-up grenobloise s’affirmant comme le « leader des solutions de production d’hydrogène » sur le site même de la consommation, Pascal Mauberger fait preuve dans son domaine d’un discours bien rodé. « Ce n’est pas compliqué, explique-t-il, si je dois prendre une voiture électrique traditionnelle pour rejoindre Grenoble, compte tenu de l’autonomie, il me faudra vingt quatre heures avec les temps de recharge». En revanche s’il fait le plein en moins de cinq minutes à la station d’Ivry puis à celle de Lyon au volant d’une voiture électrique attelée à une pile à combustible fonctionnant à l’hydrogène, le temps de parcours sera équivalent à celui de son automobile actuelle et à coût équivalent, puisque le plein d’hydrogène gazeux puis comprimé est artificiellement aligné sur celui du diesel. La grande différence étant que dans une voiture carburant au H2 (le symbole de l’hydrogène), le tuyau d’échappement n’aura rejeté que de la vapeur d’eau.
Celui qui a fait l’essentiel de sa carrière chez Air Liquide, Vivendi Water puis Soitec, reconnaît que les verrous permettant d’aller de l’avant en France sont encore fixés aux différents chambranles des lobbys. A l’influence des pétroliers, il faut ajouter celle des producteurs d’électricité qui trouvent dans les voitures uniquement équipées de batteries, un bon moyen d’écouler leur production, notamment nucléaire. Quant aux constructeurs français de voitures traditionnelles, hybrides ou 100% électriques, il préfère s’abstenir de commenter afin sans doute de ménager un avenir auquel ils finiront par adhérer.
Cela ne l’empêche pas de développer ses arguments. Si le Hyundai à hydrogène qui vient d’être mis en service à Paris avoisine les soixante dix mille euros ce qui est encore un peu excessif, un simple Kangoo électrique traditionnel équipé d’un prolongateur d’autonomie à hydrogène ne coûterait que 25.000 euros. Pour lui du reste, ce sont les clients qui en parlent le mieux en citant par exemple le patron de DHL France, qui indiquait récemment comme une évidence qu’il n’est plus possible de livrer en centre ville tout en polluant.
Au sein de l’Afhypac, il s’est donné plusieurs priorités, l’éducation, préparer la réglementation, faire aboutir des projets et enfin trouver des solutions de financement. Pascal Mauberger rappelle en outre que l’article 121 de la loi sur la transition énergétique prévoit que la France doit se doter d’une infrastructure de distribution d’hydrogène qui permettra d’alimenter les autobus comme les véhicules des particuliers.
Avec sa double casquette, ce presque sexagénaire, a encore du pain sur la planche. Il doit développer sa propre entreprise et porter bien haut les vertus de l’hydrogène gazeux et comprimé. Ce marin intermittent qui trouve aussi le bonheur à faire du ski avec son épouse et « deux-trois copains », n’observe qu’une seule règle d’ailleurs transmise à ses enfants, « ne jamais s’ennuyer au travail » sinon, c’est l’heure de faire les valises. De toute évidence, l’hydrogène et ses finalités écologiques lui procurent actuellement de quoi s’occuper sans soupirer.
PHB
Bonjour Monsieur Mauberger,
J’ai une petite entreprise viticole en Bourgogne, je suis à la recherche d’une solution de production H2 et de son stockage, ainsi que de son utilisation . Nous avons déjà une production d’électricité photovoltaïque (30Kwc).
Membre d’une association viticole de 150 membres tous à la recherche de solution pour l’avenir.
J’aimerais savoir si fabriquez des installations pour ce type d’entreprise?
Très cordialement