Prenant le relais de ses deux prédécesseurs, le satellite Jason-3 a été expédié dans l’espace dimanche depuis la base de Vandenberg en Californie, par un lanceur Falcon 9 fourni par la Nasa. Sa mission est de prolonger la surveillance de précision du niveau des mers, entamée il y a un peu plus d’une vingtaine d’années par un procédé altimétrique et selon un système d’observation orbital. Marqueur central de la différenciation climatique tout autant que régulateur majeur de notre atmosphère, l’ensemble océanique mérite toutes les attentions.
C’est au cours des deux années 1997 et 1998 que Topex-Poséidon a observé le phénomène El Niño, cette perturbation océanique au dos très large dès lors qu’il s’agit de trouver des responsables aux anormalités météorologiques. Selon un communiqué du Centre national d’études spatiales (Cnes), c’est cet appareil qui mit en évidence l’existence et la propagation d’une bosse d’eau chaude surélevée de vingt à trente centimètres et impliquée dans le procédé climatique et ses modifications.
Le Cnes précise que Jason-3 pourra survoler et donc surveiller 95% de la surface océanique libre de glace à un plus de 1000 kilomètres d’altitude. Son fonctionnement est prévu pour trois ans avec une possibilité de deux années supplémentaires. Il devrait par la suite être rejoint par deux autres compères estampillés « sentinelle » c’est dire à quel point les scientifiques auront la mer à l’œil.
Néanmoins ce dispositif est trop récent pour faire état de statistiques comparables et reculées dans le temps. On sait que le niveau des océans était jusqu’à 120 mètres plus bas il y a seulement 20.000 ans et que certaines îles connues comme telles aujourd’hui n’en étaient pas à l’époque puisque l’on pouvait les gagner à pied. Selon le CNRS, après la ré-élévation qui a fait suite à la fonte des grandes calottes glaciaires, le niveau est resté très stable avec des variations de seulement de 0,1 millimètre à partir de moins six mille ans avant notre ère d’après des observations géologiques et archéologiques.
Selon la même source les marégraphes attestent d’une montée des eaux à partir des débuts de la période industrielle soit au 19e siècle soit une variation de deux millimètres par an qui fait que l’on peut parler d’une accélération vingt fois supérieure par rapport aux siècles précédents.
Le dossier publié par le CNRS souligne cependant que cette hausse n’est pas uniforme et que si certains relevés pointent des hausses de 20 millimètres par an, d’autres révèlent des baisses de dix millimètres ailleurs sur la même durée. Les satellites devraient nous en apprendre davantage dans la mesure ou les relevés des marégraphes ne se font que près des côtes alors qu’en altitude il est possible d’étudier la surface globale des eaux.
Si la contribution quantitative de la fonte des glaces sur le niveau global des eaux n’était pas disponible ou suffisamment fiable pour les glaciers de montagne ou les grandes calottes de glace comme le Groënland dans le courant des dernières décennies, l’observation satellitaire permet d’affiner les calculs à données comparables.
Ce sont et ce seront sans aucun doute les observations les moins contestables. Seules les interprétations de ces informations pourront l’être selon qu’elles émaneront de scientifiques ou d’organisations politiques ou associatives qui ont parfois la faiblesse de faire le tri de ce qui les arrange.
LP