Encore une mesure qui va à contresens des engagements climat. Sur les huit lignes ferroviaires en exploitation nocturne, l’Etat français entend en supprimer six sauf si un opérateur privé veut bien se charger du fardeau ce qui semble un peu illusoire mais sait-on jamais. Sur certains trajets il ne devrait plus rester que l’autocar ou la voiture, ce qui lâchera un peu plus de carbone dans l’atmosphère. Erreur, erreur et le service public décline encore un peu.
Il fut un temps pas si éloigné où l’on pouvait gagner Port-Navalo (Morbihan) en train. Faute de rentabilité la ligne a été fermée en 1947. L’ancienne gare, toujours visible, se partage entre un cinéma et… une agence pour l’emploi.
Le même schéma directeur va encore s’appliquer au détriment des transports indiscutablement propres. Arguant d’un déficit global de 400 millions d’euros incluant pour les trois-quarts, le trafic diurne des trains Intercités (relavant d’une dénomination un peu pompeusement intitulée « Les trains ‘équilibre du territoire »), le Secrétaire d’Etat aux transports Alain Vidalies, a annoncé le 19 février un « train » de mesures dont certaines vont dans le bon sens, d’autres non.
Un effort évalué à 1,5 milliard d’euros sera consenti pour les trains diurnes sur des lignes comme Paris-Caen-Cherbourg ou encore la transversale Bordeaux-Toulouse-Marseille. Le plan comporte l’acquisition de rames neuves équipées d’Internet à haut débit. Les premières sont attendues pour 2020.
Pour la nuit c’est une autre affaire et le communiqué du ministre a pris vendredi des allures d’oraison funèbre en décrétant que l’offre « ne répond plus de manière satisfaisante aux besoins des voyageurs« . Le gouvernement évoque une baisse spécifique de la fréquentation de 25% et qu’à chaque billet vendu correspond une subvention de 100 euros de la part de l’Etat.
Le gouvernement lance d’ici au mois de juillet un « appel à manifestation d’intérêt » ayant pour but de solliciter d’éventuels opérateurs privés ce qui qui peut apparaître assez vain compte tenu des éléments comptables suscités, sauf si les Régions décidaient de mettre la main à la poche.
Si personne ne se « manifeste », il ne devrait plus rester après le premier juillet 2016, que deux lignes en activité: Paris-Briançon et Paris-Rodez/Latour-de-Carol.
L’esprit de la Cop21 s’éloigne ainsi dans le rétroviseur, sur l’autel du principe de réalité et d’un Etat aux poches vides ou… pleines de dettes, ce qui revient au même.
PHB