L’homme qui prenait le climat pour une blague

L'édition du Parisien du 24 février. Photo: PHB/JDC

Le Parisien du 24 février. Photo: PHB/JDC

Faut-il craindre Donald Trump? Au moins pour la problématique climatique telle qu’elle a été partagée par la plupart des pays du monde lors de la Cop21, la réponse est oui. Le réchauffement climatique est pour lui un « total hoax », soit traduit en français un pur canular. Or la cote de Trump ne cesse de grimper. Dans son édition du 24 février, le « Parisien » le décrit comme le candidat qui séduit l’Amérique profonde. Là est le danger.

Tout laisse penser que l’on s’oriente désormais vers un match final entre Donald Trump et Hillary Clinton. Quelque soit le candidat démocrate qui lui sera opposé, l’homme de l’Amérique profonde perce. Et dans le domaine environnemental, celui qui débuta sa carrière politique comme démocrate avant de soutenir Ronald Reagan, ne fait pas dans la dentelle. Outre sa négation du rôle de l’homme dans l’évolution du climat, il considère l’énergie éolienne risible et se montre tout à fait favorable à la fracturation hydraulique pour extraire du gaz de schiste. On ne saurait être plus clair et c’est probablement cette simplicité qui convainc, meeting après meeting, allocution télévisée après allocution télévisée.

Là où son opposante préfère la subtilité, les nuances propres aux candidats démocrates depuis Kennedy en passant par Carter jusqu’à Obama, la grande force de Trump est de se faire comprendre facilement. Très, très malin, il mélange savamment ses prises de position. Dans un mélange des genres habile autant qu’audacieux, il fustige les immigrants comme les musulmans mais se montre favorable à la légalisation des drogues et à la protection des populations homosexuelles ou transgenres. Il considère que la torture est une bonne chose, « même si elle n’est pas efficace au moins l’ont-ils bien mérité » plaide-t-il en substance mais dénonce dans le même temps l’épopée américaine en Irak et son coût faramineux. Dans sa grande salade argumentaire, il y a à la fois de quoi choquer et de quoi séduire, y compris parmi les élites intellectuelles de Boston, New York, Seattle ou San Francisco. Tout comme en France, certaines personnes dites éclairées qui reconnaissent in petto, que le Font national poserait « les bonnes questions« .

Toute sa capacité de persuasion, outre ses qualités de bateleur, repose sur des idées faciles à entendre et à retenir. Dans le domaine écologique, il n’est pas loin de Nicolas Sarkozy qui déclarait du temps de sa présidence que l’environnement « ça commence à bien faire« .

L’Amérique s’est déjà raidie avec un Sénat réfutant le plan d’Obama pour le climat. L’éventuelle prise de fonction de Trump en janvier 2017 s’inscrirait dans le droit fil de cette logique.

PHB