En matière de circulation automobile à Paris, tout est dans le placement du curseur. La mairie multipliant les initiatives visant à la limiter drastiquement conformément à son programme de campagne, l’association Quarante Millions d’automobilistes, forte de plus de 320.000 adhérents, a décidé de lancer aujourd’hui une consultation en ligne visant à sonder l’opinion sur différents aspects comme la limitation à 50 kilomètres heures sur le périphérique la nuit, ou la circulation alternée en cas de pic pollution.
Dans le Parisien daté du lundi 14 mars, l’adjoint au maire Christophe Najdovski estime que le questionnaire mis en ligne s’apparente à du « pipeau » et cite en exemple l’aménagement des voies sur berge excluant les voitures ayant recueilli 57% d’avis favorables lors de la consultation organisée par la municipalité. L’élu ne précise pas que le questionnaire mis en place à cette occasion ne portait sur un « pour ou contre » mais sur la longueur du tronçon à « rendre » aux piétons. Autre oubli, cette fameuse consultation n’avait pas mobilisé plus de 1000 participants selon des informations publiées à l’époque (l’année dernière) par le Parisien. Et de conclure que l’association a le défaut de vivre dans la « nostalgie des années Pompidou« , période à laquelle il est vrai, les décisions se prenaient unilatéralement en direction d’un progrès global dont l’automobile faisait partie.
Le questionnaire mis en place par l’association Quarante Millions d’automobilistes a néanmoins l’avantage de poser des questions claires justement sur le mode « pour ou contre » et Pierre Chasseray, le délégué général s’est engagé à en publier les résultats, quels qu’ils soient, d’ici quinze jours.
Il sera donc intéressant d’en lire les résultats. Il n’est pas établi à l’avance que les sondés se prononceront sur le « tout auto ». Certaines mesures comme la limitation à 30 kilomètres heures devant les écoles ou la mise en place de la circulation alternée en cas de pic de pollution relèvent en effet d’un bon sens dont beaucoup de gens sont pourvus. Dans les pages du Parisien comme sur les plateaux de télévision, Pierre Chasseray ne fait d’ailleurs pas montre d’un radicalisme militant. S’il apparaissait en effet que la politique de la Mairie de Paris était jugée trop exagérée, elle pourrait selon lui « revoir un peu sa copie« . La position est modeste. Cela dépendra aussi (beaucoup) du nombre de participants. Rien de tel que la démocratie directe qui fait si peur aux élus de tout bord surtout quand ils ne la contrôlent pas.
PHB