Vous avez un appel du froid

Aspect de l'exposition "L'appel du froid". Photo: Louise Lapierre.

Aspect de l’exposition « L’appel du froid ». Photo: LL

Cela ne révolutionnera sans doute pas la photo naturaliste. Il n’empêche que les photos qui ornent en ce moment depuis le 19 mars et jusqu’au 17 juillet les grilles du jardin du Luxembourg nous adressent tout le charme des latitudes extrêmes.Michel Rawicki a découvert le Groënland en 1993 et la démesure de cette lointaine extension du Danemark lui a tellement plu qu’il y est retourné sept fois. Intitulée « L’appel du froid », cette exposition fait d’évidence office de salutaire rappel à l’ordre.

Un oiseau au décollage, la bouille d’un phoque émergeant des glaces, un ours blanc en famille, c’est toute une faune on the rocks qui a été saisie par le photographe Michel Rawicki exposant ici 20 ans de travail soit plus de 30 voyages qu’il nous fait partager dans les régions polaires.

En dehors de l’aspect purement esthétique de cet accrochage, les visiteurs que nous sommes prennent au passage conscience de la nécessité de préserver cet environnement unique, moins protégé que l’Antarctique par les conventions. Au contraire de son homologue du sud, la calotte glaciaire du nord est affectée par la variation climatique actuelle qui se traduit par un réchauffement en partie dû aux activités humaines. La disparition totale de cette casquette de glace durant la saison d’été fait partie des scénarios pessimistes. Si cela se produisait, cela signifierait entre autres choses une diminution importante de la population des ours polaires. Ce sont des millions de kilomètres carrés de banquise qui ont disparu corps et biens depuis les années cinquante. Ce que l’on sait moins c’est qu’il s’ajoute au phénomène de diminution de la surface, une dégradation de l’épaisseur de la calotte de l’ordre de 40% en trente ans selon une note publiée par le CNRS. Cette dégradation est moins marquée au pôle sud car la masse de sa couche glacée est tellement plus importante qu’elle résiste mieux aux assauts des températures inhabituelles.

La pollution des eaux et de l’atmosphère constitue deux dangers supplémentaires pour les régions polaires. Il serait bien de penser à faire en sorte que les photographies prises par Michel Rawicki ne deviennent pas un jour des photos d’archives dans une sorte « d’avant-après » tout à fait désolant.

LL