C’est un avis qui vient de tomber: l’étendue glacée du Pôle nord ne s’est jamais autant rétractée depuis que l’on dispose de données satellitaires. Cette information n’est pas sans nous rappeler avec d’autres qu’un objectif de réduction de la température atmosphérique comparable à celle de l’ère pré-industrielle a été fixé et même acté.
Mais curieusement, cette ère n’a jamais été établie avec précision. Et pour cause, certains la font remonter au dix-septième siècle, d’autres au dix-neuvième. Toutefois, si l’ambition est louable, fondée sur sur une activité humaine néfaste par son ampleur, elle oublie un paramètre des plus essentiels. Admettons que l’ère en question se situe au début du dix-neuvième siècle, il est tout de même important de prendre en compte la population mondiale de l’époque, sept fois moins importante qu’aujourd’hui. Six milliards d’habitants en plus, cela complique un peu le problème si l’on veut bien admettre qu’il ‘est pas question de les faire disparaître. Cela signifie entre autres choses qu’il faudrait ramener le quota d’émissions à effet de serre actuel par habitant à celui d’un milliard d’individus qui n’avaient ni automobiles ni usines et qui ne pratiquaient ni l’agriculture ni l’élevage intensif. A cette aune, ce n’est plus une gageure mais presque une mission impossible.
Il n’est pas inutile de se souvenir qu’également, à la toute fin du dix-huitième siècle, un peu avant la Révolution française, l’Europe a connu une période de froid anormale et intense. En raison de l’explosion du Laki, un volcan islandais, comme en d’autres temps plus reculés celle des volcans indonésiens, il y a eu une telle émission de fumées et de cendres, que le soleil peinait à percer et donc à réchauffer l’atmosphère. Il s’en est ensuivi des mauvaises récoltes engendrant des famines dont certains pensent qu’elles ne sont pas étrangères aux révoltes ayant précédé les événements de 1789. Comme quoi la baisse des températures n’est pas forcément une bonne affaire. Et que les émissions polluantes peuvent également contribuer à maintenir des températures basses comme on a pu le voir à Londres durant l’hiver 1952.
En quelques jours de vaste éruption, un volcan quelque part sur le globe, est donc à même de réaliser d’un coup l’accord de la Cop21 à Paris et de nous ramener à cette fameuse ère pré-industrielle caractérisée par des températures que les pays signataires veulent généraliser une bonne fois pour toutes. Ce qui est au fond assez prétentieux eu égard à certains nombre de paramètres géologiques que nous ne maîtrisons absolument pas. Est-ce une raison pour baisser les bras, certainement pas. L’humanité a besoin de respirer un air davantage pur, rappelant ou non les climats du Premier empire. Nous en sommes très loin.
PHB