Le quinquennat devait consacrer la fermeture de la vieille centrale de Fessenheim en Alsace. Mais ce ne sera pas possible avant le 2019 vu que le conseil d’administration d’EDF a lié cette fermeture à la mise en route en 2019 de l’EPR de Flamanville. Dans ces conditions il devenait urgent de publier un décret de fermeture au nom de la loi de transition énergétique et de la promesse du président Hollande. Cependant que le décret ne change rien à l’échéancier imposé par EDF. Mais la parole politique se devait être entendue dans le cadre entre autres d’un probable calcul électoral.
Sur l’air de « c’est dit, c’est fait » soit quand même un ton un peu curieux pour un ministre, le communiqué du ministère se contente d’une seule phrase relative aux emplois locaux: « J’ajoute, écrit la ministre dans sa conclusion, que cette fermeture n’entraîne aucune suppression d’emplois par EDF car un vaste chantier industriel de démantèlement va pouvoir commencer« .
De ce bas de page transpire un rare cynisme à l’égard des 2200 emplois directs et indirects concernés sans compter selon la mairie les 5000 personnes que la centrale fait vivre. Demander le sourire aux lèvres à des gens d’enterrer eux-mêmes leur outil de travail, le tout expédié en quelques mots a quelque chose d’incommodant. La ministre n’avait d’ailleurs pas eu plus d’égard pour les salariés de l’usine de Gardanne qui produit de l’alumine, quand elle a réclamé (en vain) sa fermeture.
En outre l’un des arguments développés dans le communiqué porte sur le risque sismique évoquant sans le dire la catastrophe de Fukushima. Or selon une note de la préfecture de la Région Alsace elle-même, le risque local est présenté (en 2012) en ces termes: « Outre le dernier séisme d’intensité importante survenu à Sierentz en 1980 de magnitude locale 4.9, l’Alsace enregistre chaque année de nombreux petits séismes dont la plupart ne sont pas ou que très peu ressentis« . Sans compter qu’une éventuelle vague submersive aurait du chemin à faire pour qui connaît la géographie.
Il sera sans doute nécessaire de fermer Fessenheim un jour, la plus vieilles de toutes les centrales, et d’arriver à produire moins d’électricité nucléaire en France, chacun sachant que le risque zéro n’existe pas. Mais il eût été davantage convenable d’associer à un projet de fermeture une perspective d’emploi davantage concrète que celle consistant à emballer la question d’un trait de plume avec la problématique certes bien réelle, du démantèlement. Au final, personne n’en sort satisfait, ni les associations environnementales ni l’ensemble des foyers dont la vie-même est liée à la centrale. Mais la ministre aura pu se targuer d’avoir signé le décret. C’était bien l’objectif, selon toute apparence.
PHB