L’accord conclu le 19 décembre lors de la Cop 15 à Montréal est plutôt une bonne chose. Dans la mesure où déterminer sur une carte quelle zone d’un pays sera protégée ou pas, ne nécessite au préalable pas autre chose qu’un crayon traceur. Bien plus simple en tout cas que les accords climats, sans compter que chaque zone une fois protégée contribuera de fait à l’amélioration de la pureté atmosphérique. Rappelons que le principal résultat de la Cop 15, sous l’égide improbable de la Chine, est d’avoir mis d’accord l’ensemble des pays participants sur une mise sous protection d’ici 2030, de 30% des espaces terrestres et 30% des espaces maritimes. Compte tenu du fait que la surface maritime représente 70% de la surface du globe, il y a au passage des 30% qui en valent plus que d’autres. La déclaration d’intention sera assez vite vérifiable d’ici à l’échéance. La situation actuelle comptabilise 14,7% des terres et 10% des eaux territoriales sous protection avec des différences notables pays par pays. Près de deux fois plus grand que la France c’est le Venezuela qui pourrait se targuer d’être le meilleur dans ce domaine avec près de 54% de son territoire terrestre protégé. Dans ce domaine les calculs sont complexes. Ainsi la France justement, s’enorgueillit d’un total protégé de 33% espaces maritimes et terrestres confondus. Sachant que le pays de Molière est le second espace maritime mondial avec près de 10 millions de kilomètres carrés et que de larges territoires très éloignés de la métropole comme les Terres Australes ou l’île Clipperton dans le Pacifique sont surtout protégés de fait, en raison d’une absence quasi-totale de fréquentation. C’est en tout cas une responsabilité. En théorie il resterait donc à la France à trouver 27% pour être en accord avec l’objectif de la Cop 15 en dosant finement la partie terrestre de la partie maritime. L’on se doute bien qu’au sein de chaque bilan national, il y aura probablement une part de créativité géographique et mathématique dont la finalité sera pour le pays concerné de se présenter comme un bon élève.
« Cet accord mondial pour la biodiversité ne casse pas la baraque mais vient au moins sauver les meubles », réagissait après-coup Pierre Cannet, de WWF France. Avouons que c’est déjà pas si mal, d’autant que l’idée justement, en jouant un peu sur les mots, étant de ne casser ni la baraque, ni le support.
Mais ce qui compte finalement après le rendez-vous de Montréal, c’est la prise de conscience accentuée du sujet, Chine y comprise ce qui n’est pas rien. La Cop 15, dans une certaine mesure est venue nous rappeler que l’écologie est une question globale et pas seulement climatique. Tout se tient en effet dans un ensemble qui doit être préservé, pour lui-même et incidemment pour l’humanité. Les flamants roses et les hommes ont les mêmes droits environnementaux.
PHB